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Le logement en crise : le constat amer qui perdure malgré l'arsenal législatif en place

Dernière mise à jour : il y a 5 jours


Le mois de février a été marqué par une série d'événements sur le logement en France.


- Le rapport de la fondation l’Abbé Pierre sur l’état du mal logement en France, rapport n°28.

- Le logement en pleine mutation et Les Franciliens et le logement : regards et attentes, organisé par l’Ordre des Architectes ont tous les trois faits un constat cuisant de l’état du logement en France et des conditions de la construction de ses logements.

- Le logement en pleine mutation, un colloque organisé par l’Humanité au Pavillon de l’Arsenal.

Le logement en pleine mutation, colloque organisé par l’Humanité au Pavillon de l’Arsenal. De gauche à Droite : Patrice Leclerc, Guilaume Tapin, Karine Julien-Elkaïm, Catherine Sabbah, Djamel Klouche.


Les résultats sont alarmants. Depuis novembre 2018, promulgation de la loi ZAN, les autorités avaient un espoir de hisser la qualité et la construction de logements en France. Quatre années plus tard le constat laisse un goût amer. On fait face à une pénurie de logements dans le parc privé et il y a une tension dans tout le parc de logements sociaux. Les ménages ont de plus en plus de mal à acheter leur premier bien, et lorsqu'ils le font, c'est plus tardivement que leurs parents. Les retraités sont également touchés. Les personnes âgées de 64 ans et plus demandent pour la première fois à entrer dans le parc social, car elles n'ont pu accéder à la propriété. Selon certains organismes et associations, l'État ne soutient pas suffisamment les initiatives visant à résoudre cette crise du logement, mais transfère la responsabilité sur les collectivités. La loi ELAN, est souvent citée comme l'une des principales causes de cette crise.


Qu’est-ce que la Loi ELAN ?

La loi Elan a pour ambition de : « Construire plus de logements, simplifier les normes, protéger les plus fragiles et mettre les transitions énergétique et numérique au service des habitants : telle est l'ambition de la loi Elan (évolution du logement, de l'aménagement et du numérique), promulguée le 23 novembre 2018. », Écologie.gouv.


Le collectif "Ambition logement" disait en 2018 que la Loi ELAN était « une loi aux conséquences néfastes pour le cadre de vie ». Communiqué » du 11 Octobre 2018.


Pour avoir un récit institutionnel, vous pouvez aller sur le portail du gouvernement qui titre sa première page de cette manière : « ELAN, une loi pour l'évolution du logement, de l'aménagement et du numérique. Élaborée en partant du terrain, la loi ELAN a pour ambition de faciliter la construction de nouveaux logements et de protéger les plus fragiles. Elle a été définitivement adoptée au Sénat le 16 octobre 2018. »



L’union sacrée doit venir du terrain.



Quand l’amoncellement de textes de loi régresse la situation


Les trois événements étaient donc très politiques, mais comment ne pas parler politique quand on parle de citoyen en attente de logements depuis des décennies. Les prix d’achat augmentent et l’écoute des problématiques est faibles, avec des inégalités toujours très fortes.


« La situation est inquiétante et il y a urgence », comme le relate Éric Constantin, Directeur de l'Agence Île-de-France de la Fondation Abbé Pierre.


Lois sur lois, incitations sur incitations, tout cela n’arrive pas à éradiquer le problème. Au-delà de la Loi ZAN comme indiqué plus haut, il y a la loi climat et résilience, l’Eco-prêt, la RE2020, le Grenelle de l’environnement, le Bas-Carbone, etc... Tous essayent de limiter, de combattre le mal logement en France mais jusqu’à présent sans grand succès.


On s’attache avec l’amoncellement de ses textes à avoir de l’efficacité, à faire évoluer la technique de construction sans améliorer le « mieux vivre ». On veut tirer la corde pour vivre de manière performante. Certes, l’état indique avoir un budget fort et une vision pourtant les carences à travers la restitution des rapports, des enquêtes ne permettent pas d’être optimiste. Il y a de plus en plus de disparités, des inégalités, la production du logement social stagne.




Il faut indiquer aussi que certains habitants ou maires s’opposent à l’obligation de construire plus de logements sociaux. Ils n’hésitent pas à créer des associations pour contrer la construction de logements sociaux dans leur ville. Ces mouvements peuvent aussi traduire la peur de perdre le petit bout qu’il reste. Puisque que tout augmente, puisque tout fout le camp. Doit-on lâcher la dernière grappe ?



Rénovation, et si demain c’était hier ?


La rénovation dans ce mélange de non-sens prend de plus en plus de place et devient une évidence là où il y a encore 10 ans, on voulait construire à tout prix. Tous les salons, les colloques, les conférences, les journaux, il n’y en a pas un qui ne parle pas rénovation, pour absorber le manque de logements, pour aider à l’expansion sans pour autant aller grappiller les terres agricoles. La difficulté qui s’annonce, c’est qu’on doit trouver la bonne méthode selon les territoires. Ni du sur-mesure et ni du standardiser.


Quand on parle de rénovation, on ne peut pas aller bien loin sans une bonne expertise. Du moins c’est ce qu’on nous exige de faire. Reconstruire est devenu difficile, car l’habité n’est plus artisanal mais technique. Cela n’est pas une mince affaire et la rénovation énergétique enclenche un autre prisme un ajout dans la matrice. Les architectes, les maires, les professionnels de l’immobilier, les différentes personnalités présentes aux différents événements ont relevé un point similaire : ne pas oublier que la construction n’est pas un acte technique. L’habitat est un logis et non une cage à lapin. On a besoin, de voir au loin depuis l’intérieur, de respirer, de partager, de circuler, de bouger, d’aimer son lieu de vie.


Que peut faire l’architecte ? Comment aider à cette situation ? Quand on est conscient que l’écologie devient un cache-sexe pour éviter la construction de logements ou quand la rénovation énergétique prend davantage une place technique qu’humaniste. Le foncier est de plus en plus cher, la production de plus en plus longue, on construit du neuf et les logements sociaux sont de moins en moins présents dans le paysage français.


Tout ce qui a été fait par le passé n’est pas parfait, mais tout n’est pas non plus à balayer d’un revers de la main pour apparaître comme novateur au 21ème siècle.



« Notre société a tendance à jeter son héritage »,

Djamel Klouche,



Insistons sur l’échange, la transmission, admettons qu’on a besoin de parler pour avancer et non pas juste de calculer. Le logement est un puzzle d’une pièce plus large. On doit tenir compte de toutes les échelles et de toutes les strates de la société pour que ça avance.




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